UN TEMOIGNAGE : L'ANNEE 1972-1973 PASSEE RUE LITTRE
Tout nouveau dans cet établissement, je faisais ma rentrée en troisième ; il faut dire qu'à cette époque, dans ce collège et lycée, il y avait les classes de troisième, seconde, première et terminale. Je venais de Marguerite de Navarre 1
, où il n'y avait que sixième, cinquième, quatrième : dans le parcours, c'était une suite logique. En troisième, nous étions considérés comme des grands, mais dans l'établissement, nous étions quand même les plus petits. Ce qui n'empêchait pas que la cohabitation avec les aînés ne posait pas trop de problèmes. Ce qui était intéressant pour nous, c'est que nous pouvions avoir de l’aide pour les devoirs. Il existait une certaine forme d'entraide. Je pense que c'était important.
En ce qui concerne les enseignants, je me souviens que nous avions un respect très prononcé envers eux, que le dialogue qui se fait actuellement ne pouvait avoir lieu ; disons que les rapports ne se faisaient pas d'égal à égal. Le professeur était le « Maître à bord » et nous, les élèves, nous devions suivre. Ma foi, comme règlement, il me semble que ce n’était pas si mauvais que ça ! à cette époque, nous n’entendions pas d’élèves se plaindre de se prendre un « coup de pied aux fesses » ou d’être puni !
Dans cet établissement, il n’y avait pas de cantine, ce qui faisait que les repas étaient pris à Marguerite de Navarre 1 : donc nous faisions le trajet aller-retour, en rang et surveillés par des surveillantes (« pionnes »). Les pauvres ! ce n’était pas évident : il y en avait qui marchaient trop vite, d’autres qui traînaient. De plus, ces braves personnes devaient faire attention de ne pas perdre un élève, car tous les moyens étaient bons pour échapper à leur vigilance : arrêt pour refaire un nœud à ses lacets, se mettre dans l’entrée d’un immeuble, se cacher entre deux voitures sur le bord du trottoir.
Demi-pensionnaire surveillé, je restais en étude le soir jusqu’à dix-huit heures ; à seize heures, nous avions une petite pause que je mettais à profit quelquefois pour faire, avec un ami, des tours de cour avec un vélo emprunté au parking situé près des w. c. Ceci nous valut maintes et maintes fois des réprimandes de la Surveillante générale, Mme. G. Nous étions toujours penauds, toujours d’accord avec ce qu’elle disait, et l’assurant que c’était la dernière fois, ceci en essayant d’être sérieux ; et ce n’était pas facile, car il faut dire que cette brave femme avait une voix relativement criarde et aiguë 3 , ce qui fait que ma sœur entre autres, avec sa copine, gloussait dans son coin ; et de plus, sur la galerie, un agent technique, M. G., nous faisait des singeries 4 . Alors comprenez que pour garder son sérieux, il fallait faire fort. Croyez-moi, il existait une discipline qui de nos jours serait sûrement vivement mise en cause, mais en fait il me semble que c’était bien ; et sans être vieux jeu ou rabat-joie, il s’en dégageait un côté positif.
En ce qui concerne les mauvais souvenirs, je ferai figurer la fin de l’année scolaire, avec le choix de l’orientation : il fallait que je quitte cet établissement ; et à nouveau il faudrait se réhabituer à de nouvelles règles, partir à la découverte d’un nouvel environnement. Ceci fait toujours un peu peur. Un autre fait qui a marqué cette année, c’est la disparition d’un camarade de classe qui avait une leucémie ; adolescent, confronté à la mort, les marques sont indélébiles.
En conclusion, je vous dirai que j’ai passé un bon moment dans cet établissement.
En ce qui concerne les enseignants, je me souviens que nous avions un respect très prononcé envers eux, que le dialogue qui se fait actuellement ne pouvait avoir lieu ; disons que les rapports ne se faisaient pas d'égal à égal. Le professeur était le « Maître à bord » et nous, les élèves, nous devions suivre. Ma foi, comme règlement, il me semble que ce n’était pas si mauvais que ça ! à cette époque, nous n’entendions pas d’élèves se plaindre de se prendre un « coup de pied aux fesses » ou d’être puni !
Dans cet établissement, il n’y avait pas de cantine, ce qui faisait que les repas étaient pris à Marguerite de Navarre 1 : donc nous faisions le trajet aller-retour, en rang et surveillés par des surveillantes (« pionnes »). Les pauvres ! ce n’était pas évident : il y en avait qui marchaient trop vite, d’autres qui traînaient. De plus, ces braves personnes devaient faire attention de ne pas perdre un élève, car tous les moyens étaient bons pour échapper à leur vigilance : arrêt pour refaire un nœud à ses lacets, se mettre dans l’entrée d’un immeuble, se cacher entre deux voitures sur le bord du trottoir.
Demi-pensionnaire surveillé, je restais en étude le soir jusqu’à dix-huit heures ; à seize heures, nous avions une petite pause que je mettais à profit quelquefois pour faire, avec un ami, des tours de cour avec un vélo emprunté au parking situé près des w. c. Ceci nous valut maintes et maintes fois des réprimandes de la Surveillante générale, Mme. G. Nous étions toujours penauds, toujours d’accord avec ce qu’elle disait, et l’assurant que c’était la dernière fois, ceci en essayant d’être sérieux ; et ce n’était pas facile, car il faut dire que cette brave femme avait une voix relativement criarde et aiguë 3 , ce qui fait que ma sœur entre autres, avec sa copine, gloussait dans son coin ; et de plus, sur la galerie, un agent technique, M. G., nous faisait des singeries 4 . Alors comprenez que pour garder son sérieux, il fallait faire fort. Croyez-moi, il existait une discipline qui de nos jours serait sûrement vivement mise en cause, mais en fait il me semble que c’était bien ; et sans être vieux jeu ou rabat-joie, il s’en dégageait un côté positif.
En ce qui concerne les mauvais souvenirs, je ferai figurer la fin de l’année scolaire, avec le choix de l’orientation : il fallait que je quitte cet établissement ; et à nouveau il faudrait se réhabituer à de nouvelles règles, partir à la découverte d’un nouvel environnement. Ceci fait toujours un peu peur. Un autre fait qui a marqué cette année, c’est la disparition d’un camarade de classe qui avait une leucémie ; adolescent, confronté à la mort, les marques sont indélébiles.
En conclusion, je vous dirai que j’ai passé un bon moment dans cet établissement.