LE TEMPS DES CONGREGATIONS RELIGIEUSES
En 1639, quelques personnes pieuses se regroupèrent sous le nom de Religieuses de la Famille Saint-Joseph dans une maison de la rue Saint-Sulpice (actuelle rue Gambon, à l'angle de la place Henri-Mirpied). Elles s'étaient donné pour vocation de soigner les malades à domicile et de venir en aide aux nécessiteux.
En 1656, c'est dans une maison plus confortable, près de l'église Sainte-Croix, qu'elles furent installées par l'archevêque, Monseigneur Pierre d'Hardivilliers, qui les avait constituées en une communauté religieuse, celle des Sœurs de la Providence. Cette maison, possédée par la famille de Champgrand, s'élevait le long de la rue Saint-Médard (aujourd'hui rue Littré), au lieu-dit Poids-le-Roi (qui correspond à l'emplacement du collège Littré : la place du Poids-le-Roi est devenue la place Planchat). Elle était surnommée « le petit Louvre ».
En 1701, Monseigneur Potier de Gesvres, archevêque de Bourges, remplaça cette première communauté par celle des Sœurs de la Charité. Si l'église Sainte-Croix fut encore fréquentée, son cimetière, lui, fut bientôt désaffecté et disparut vers 1780. Les inhumations eurent lieu désormais dans le proche cimetière de l'église Saint-Médard.
La Révolution française entraîna à Bourges la disparition des Bénédictins de Saint-Sulpice, la démolition de l'église Sainte-Croix et la suppression momentanée des Sœurs de la Charité. L'une d'elles, qui était l'économe de la communauté religieuse, fut même arrêtée et détenue quelque temps dans le couvent des Clarisses (qui est occupé actuellement par l'Institution Saint-Dominique, vouée à l’enseignement, rue émile-Deschamps). Mais, peu après la promulgation du Concordat, les sœurs retrouvèrent la possession de leur maison religieuse, le 22 mai 1802. On sait en effet ce que fut le Concordat, signé le 16 juillet 1801, qui favorisa l’apaisement des relations entre le Vatican et la France. Le pape Pie VII reconnaissait la République française, ainsi que la confiscation des biens du clergé. De son côté, le gouvernement français, représenté par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, reconnaissait le catholicisme comme la religion de la grande majorité des Français, déclarait le culte catholique libre et public et acceptait de verser au clergé de France un traitement, afin de compenser la perte des biens de l’église. L'archevêque, Monseigneur de Mercy, fit alors de la maison de la rue Saint-Médard la maison-mère de la congrégation de la Charité.
En 1811, celle-ci fut réorganisée. Les religieuses se consacrèrent désormais à l'enseignement et créèrent pour cela un pensionnat de jeunes filles et deux classes enfantines. Le succès fut tel qu'elles durent construire de nouveaux locaux. En 1835 fut donc édifié, dans un style néo-classique , le « bâtiment de l'horloge » (comme on le désigne familièrement aujourd’hui), perpendiculaire à l’actuelle rue Littré. Son fronton triangulaire, aux moulures soulignées d'un rang de denticules , porte l'empreinte du passé religieux du collège : derrière des nuages rayonne comme un soleil le Saint-Esprit, dissipant les ténèbres de l'ignorance et de l’incroyance. Au centre de cette figuration en bas-relief se voyait initialement une croix. Lorsque fut installé le collège municipal de jeunes filles, collège laïque, un oculus fut pratiqué à son emplacement. Plus tard, on y encastra l’horloge qui rythme encore aujourd’hui les activités des élèves.
De 1852 à 1854, on éleva encore un bâtiment en équerre, en direction de la rue des Trois-Pommes, fermant la cour du côté nord. Partiellement délimité par ces deux derniers bâtiments, on créa en même temps un jardin « anglais », jardin simulant le pittoresque d'un paysage naturel varié, qui s'étendit sur une surface de quelque mille sept cents mètres carrés.
En 1861, la Supérieure des Sœurs de la Charité, Mère Espérance Lelièvre, fit encore construire, le long de la rue des Trois-Pommes, une chapelle de style néo-gothique pour stimuler, dans le cœur des pensionnaires, la foi, première des trois grandes vertus chrétiennes... Cinq ans plus tard y furent déposées en grande cérémonie, dans l' oratoire de la Vierge, les cendres du fondateur de la congrégation, Antoine Moreau, mort en 1702. Cette chapelle ne disparut qu’en 1977 ; elle fut alors démolie pour permettre la construction d’une extension du collège Littré. Mais, depuis longtemps déjà, elle était fermée au culte.
Lorsqu'éclata la guerre de 1870, le pensionnat servit quelque temps d'hôpital. Les combats de Juranville et de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, les 27 et 28 novembre, ayant été particulièrement rudes pour les soldats de l'armée de la Loire, quelque soixante blessés furent hébergés et soignés dans la maison de la rue Saint-Médard. Mais les Sœurs de la Charité se dévouèrent aussi auprès des blessés qui affluaient dans d'autres hôpitaux improvisés, dispersés dans Bourges.
A la fin du siècle, en 1880, la maison-mère fut installée dans les bâtiments neufs (rue Saint-Michel de Volangis), élevés à l'emplacement d'une ancienne léproserie , non loin du cimetière Saint-Lazare. Ceux-ci venaient d'être achevés et, quelque temps plus tard, les cendres d’Antoine Moreau furent transférées dans la chapelle de ce nouvel établissement. Cependant de lourdes taxes pesaient sur la congrégation. C'est pourquoi le tribunal civil de Bourges fit vendre aux enchères, en 1898, les biens de la communauté. Aucun acheteur n'ayant enchéri sur la mise à prix, l' avoué de la communauté s'en fit l'acquéreur. Ainsi les religieuses du pensionnat de la rue Saint-Médard purent-elles poursuivre leurs activités éducatives.
Quelques années plus tard, en 1904, les sœurs, sous peine de devoir renoncer à l'enseignement qui leur procurait leurs ressources, durent accepter d'être sécularisées et donc d'abandonner l'habit et l'idéal religieux. Leur sursis fut de courte durée. Une page allait bientôt se tourner définitivement.
De l'église Sainte-Croix, il ne reste aujourd'hui qu'une inscription funéraire datant de 1493, qui fut scellée au fond de la cour du collège, non loin de l'emplacement qu'elle occupait primitivement dans la nef du lieu de culte. Cette inscription rappelle la fondation, à perpétuité, par Martine Gillet, veuve d'un tisserand de la paroisse, de quatre messes annuelles célébrées pour le repos de son âme en cette même église où elle avait désiré être inhumée.
En 1656, c'est dans une maison plus confortable, près de l'église Sainte-Croix, qu'elles furent installées par l'archevêque, Monseigneur Pierre d'Hardivilliers, qui les avait constituées en une communauté religieuse, celle des Sœurs de la Providence. Cette maison, possédée par la famille de Champgrand, s'élevait le long de la rue Saint-Médard (aujourd'hui rue Littré), au lieu-dit Poids-le-Roi (qui correspond à l'emplacement du collège Littré : la place du Poids-le-Roi est devenue la place Planchat). Elle était surnommée « le petit Louvre ».
En 1701, Monseigneur Potier de Gesvres, archevêque de Bourges, remplaça cette première communauté par celle des Sœurs de la Charité. Si l'église Sainte-Croix fut encore fréquentée, son cimetière, lui, fut bientôt désaffecté et disparut vers 1780. Les inhumations eurent lieu désormais dans le proche cimetière de l'église Saint-Médard.
La Révolution française entraîna à Bourges la disparition des Bénédictins de Saint-Sulpice, la démolition de l'église Sainte-Croix et la suppression momentanée des Sœurs de la Charité. L'une d'elles, qui était l'économe de la communauté religieuse, fut même arrêtée et détenue quelque temps dans le couvent des Clarisses (qui est occupé actuellement par l'Institution Saint-Dominique, vouée à l’enseignement, rue émile-Deschamps). Mais, peu après la promulgation du Concordat, les sœurs retrouvèrent la possession de leur maison religieuse, le 22 mai 1802. On sait en effet ce que fut le Concordat, signé le 16 juillet 1801, qui favorisa l’apaisement des relations entre le Vatican et la France. Le pape Pie VII reconnaissait la République française, ainsi que la confiscation des biens du clergé. De son côté, le gouvernement français, représenté par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, reconnaissait le catholicisme comme la religion de la grande majorité des Français, déclarait le culte catholique libre et public et acceptait de verser au clergé de France un traitement, afin de compenser la perte des biens de l’église. L'archevêque, Monseigneur de Mercy, fit alors de la maison de la rue Saint-Médard la maison-mère de la congrégation de la Charité.
En 1811, celle-ci fut réorganisée. Les religieuses se consacrèrent désormais à l'enseignement et créèrent pour cela un pensionnat de jeunes filles et deux classes enfantines. Le succès fut tel qu'elles durent construire de nouveaux locaux. En 1835 fut donc édifié, dans un style néo-classique , le « bâtiment de l'horloge » (comme on le désigne familièrement aujourd’hui), perpendiculaire à l’actuelle rue Littré. Son fronton triangulaire, aux moulures soulignées d'un rang de denticules , porte l'empreinte du passé religieux du collège : derrière des nuages rayonne comme un soleil le Saint-Esprit, dissipant les ténèbres de l'ignorance et de l’incroyance. Au centre de cette figuration en bas-relief se voyait initialement une croix. Lorsque fut installé le collège municipal de jeunes filles, collège laïque, un oculus fut pratiqué à son emplacement. Plus tard, on y encastra l’horloge qui rythme encore aujourd’hui les activités des élèves.
De 1852 à 1854, on éleva encore un bâtiment en équerre, en direction de la rue des Trois-Pommes, fermant la cour du côté nord. Partiellement délimité par ces deux derniers bâtiments, on créa en même temps un jardin « anglais », jardin simulant le pittoresque d'un paysage naturel varié, qui s'étendit sur une surface de quelque mille sept cents mètres carrés.
En 1861, la Supérieure des Sœurs de la Charité, Mère Espérance Lelièvre, fit encore construire, le long de la rue des Trois-Pommes, une chapelle de style néo-gothique pour stimuler, dans le cœur des pensionnaires, la foi, première des trois grandes vertus chrétiennes... Cinq ans plus tard y furent déposées en grande cérémonie, dans l' oratoire de la Vierge, les cendres du fondateur de la congrégation, Antoine Moreau, mort en 1702. Cette chapelle ne disparut qu’en 1977 ; elle fut alors démolie pour permettre la construction d’une extension du collège Littré. Mais, depuis longtemps déjà, elle était fermée au culte.
Lorsqu'éclata la guerre de 1870, le pensionnat servit quelque temps d'hôpital. Les combats de Juranville et de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, les 27 et 28 novembre, ayant été particulièrement rudes pour les soldats de l'armée de la Loire, quelque soixante blessés furent hébergés et soignés dans la maison de la rue Saint-Médard. Mais les Sœurs de la Charité se dévouèrent aussi auprès des blessés qui affluaient dans d'autres hôpitaux improvisés, dispersés dans Bourges.
A la fin du siècle, en 1880, la maison-mère fut installée dans les bâtiments neufs (rue Saint-Michel de Volangis), élevés à l'emplacement d'une ancienne léproserie , non loin du cimetière Saint-Lazare. Ceux-ci venaient d'être achevés et, quelque temps plus tard, les cendres d’Antoine Moreau furent transférées dans la chapelle de ce nouvel établissement. Cependant de lourdes taxes pesaient sur la congrégation. C'est pourquoi le tribunal civil de Bourges fit vendre aux enchères, en 1898, les biens de la communauté. Aucun acheteur n'ayant enchéri sur la mise à prix, l' avoué de la communauté s'en fit l'acquéreur. Ainsi les religieuses du pensionnat de la rue Saint-Médard purent-elles poursuivre leurs activités éducatives.
Quelques années plus tard, en 1904, les sœurs, sous peine de devoir renoncer à l'enseignement qui leur procurait leurs ressources, durent accepter d'être sécularisées et donc d'abandonner l'habit et l'idéal religieux. Leur sursis fut de courte durée. Une page allait bientôt se tourner définitivement.
De l'église Sainte-Croix, il ne reste aujourd'hui qu'une inscription funéraire datant de 1493, qui fut scellée au fond de la cour du collège, non loin de l'emplacement qu'elle occupait primitivement dans la nef du lieu de culte. Cette inscription rappelle la fondation, à perpétuité, par Martine Gillet, veuve d'un tisserand de la paroisse, de quatre messes annuelles célébrées pour le repos de son âme en cette même église où elle avait désiré être inhumée.
INSCRIPTION FUNERAIRE PROVENANT DE SAINTE-CROIX
Cy davant.gist.martine.vesve.de feu Je(han Gi)l
let dit fucy.en son.vivãt.tixerant.en.drap (laquell)e
A fonde.a (perp)etu(ite).quatre aniversaires.en (ceste)
Presente.esglise.d(e sa)incte.croix.Lesquelz.le cure d(e ces)te
Esglise.doit.dire.chascun.an.es Jors.quj.sensuit.cest
Asavoir.Le xxiiij.Jor.de.Juillet.le ij°.le mardi.des.feries
De pasques.le iij°.le.mardj.des feries.de penthecoste.et le
Quatriesme.le iiij°.Jour.avant.cascune.feste.de tossaincts
Et.pour ce.faire.Ladite.deffuncte.A d(e)lesse.au cure.du(di)t
Lieu.de sain(ct)e.c(roi)x.Certaines.maisons.et (t)er(rain)
Asis.en la parcelle (d)e sa(i)nt.Medard.Ainsy.Qu(e se voit)
Plus.a plin.es ltes.sur ce.faites et passees et.(tre)
Spassa.Le xxiiij° Jor de Juillet (l)an (M)il cccc iiii xx
Treize priez.dieu.pou(r) Elle.et toz Les Trespasses
« Ici devant gît Martine, veuve de feu Jehan Gillet,
dit Fucy, de son vivant tisserand en drap, laquelle
a fondé à perpétuité quatre (messes) anniversaires en cette
présente église de Sainte-Croix. Ces anniversaires, le curé de cette
église doit les dire chaque année, aux jours suivants ; c’est
à savoir (le premier) le 24ème jour de juillet, le 2ème le mardi des féries
de Pâques, le 3ème le mardi des féries de Pentecôte et le
quatrième, le 4ème jour avant chaque fête de Toussaint.
Et pour ce faire, ladite défunte a légué au curé dudit
lieu de Sainte-Croix certaines maisons et terrain
situés dans la parcelle de Saint-Médard, ainsi qu’on le voit
plus pleinement dans les lettres sur ce (sujet) faites et passées. Et elle
trépassa le 24ème jour de juillet, l’an mil quatre cent quatre-vingt
treize. Priez Dieu pour elle et tous les trépassés ».