DES HABITATS PROTOHISTORIQUES
En procédant à des fouilles, avant la construction d'un gymnase semi-enterré et d'une extension du collège Littré, les archéologues Olivier RUFFIER et Jacques TROADEC et leur équipe ont retrouvé, en septembre 1986, les vestiges de plusieurs habitats. Ceux-ci représentaient trois phases distinctes d'occupation du site, dès l'époque protohistorique
.
Le premier habitat, dont ne subsistaient que des traces, sous l'aspect de ce qui a paru être une cave, a été daté du dernier tiers du VIème siècle avant notre ère. Sur son emplacement, après un comblement avec les matériaux de destruction d'un bâtiment voisin, fut élevé un nouvel habitat au sol de calcaire concassé et damé. Un troisième ensemble fut encore édifié sur le précédent, bâtiment dont la structure était en bois, le sol d'argile mêlée de sable, formant une chape épaisse, les murs de torchis et la couverture de chaume. Une cloison le partageait en deux pièces. Dans la première se trouvaient les vestiges d'un four domestique. A proximité, une petite fosse correspondait à l'assise d'un cratère . Ce dernier habitat fut détruit par un incendie à la fin du Vème siècle avant notre ère, comme en témoignaient les fragments carbonisés retrouvés au cours des fouilles.
Ce n'est qu'au cours de la période gallo-romaine que la parcelle supporta à nouveau une construction. Cependant, cette campagne d'archéologie a apporté une réponse irréfutable à la question de savoir depuis quand le site du collège Littré fait partie d'un ensemble urbain. L'ancienneté et la qualité des vestiges découverts à l'angle de la rue Littré et de la rue des Trois-Pommes montrent que le phénomène urbain, à Bourges, était déjà né à la fin du VIème siècle avant notre ère. Il s'est développé au cours d'une occupation du site qu'on peut considérer comme continue pendant désormais plus de vingt-cinq siècles.
Les fragments d' enduit intérieur des habitats construits par les Bituriges (il s'agissait d'un enduit lissé ou coloré) et la multitude des tessons de terre cuite recueillis (environ six mille) nous renseignent en outre sur les goûts des premiers occupants. Leurs habitats étaient relativement luxueux pour leur époque. Si les fragments de céramique commune, de fabrication indigène, produite par des artisans spécialisés, représentent la plus forte proportion, bon nombre de tessons de céramique importée ont été trouvés. Il s'agit notamment d'une céramique cuite par les Etrusques et surtout de céramique attique , tantôt à figures noires (le décor raffiné apparaît en noir sur un fond rouge), tantôt à figures rouges (le décor apparaît, inversement, figuré en rouge sur un fond noir).
Ainsi, non seulement ces trouvailles attestent que les premiers occupants du site éprouvaient, dès la fin du VIème siècle avant notre ère, le goût du luxe, mais encore elles prouvent la vitalité d'échanges commerciaux entretenus avec le monde méditerranéen. Une économie de subsistance, dans laquelle chacun ne parvient à produire que ce qui couvre ses propres besoins, était impropre à soutenir un tel goût de luxe. Seule une économie dégageant un surplus, pour permettre des échanges avec des centres de production très éloignés, était apte à satisfaire cette aspiration à un raffinement des équipements domestiques.
La cité des Bituriges était donc, dès l'époque protohistorique , un centre au sein duquel avait émergé une aristocratie capable d'organiser l'économie du territoire, d'encourager une production excédentaire, de veiller à en assurer la commercialisation. C'est dans l'apparition de cette aristocratie, plus que dans celle d'un regroupement de demeures solidement construites le long de rues tracées rationnellement, qu'il faut chercher l'origine du phénomène urbain. A cet égard, les découvertes effectuées sur le site du collège Littré, qui remontent à un demi-millénaire avant la reddition de la ville entre les mains de Jules César, prennent une valeur exemplaire.
Le premier habitat, dont ne subsistaient que des traces, sous l'aspect de ce qui a paru être une cave, a été daté du dernier tiers du VIème siècle avant notre ère. Sur son emplacement, après un comblement avec les matériaux de destruction d'un bâtiment voisin, fut élevé un nouvel habitat au sol de calcaire concassé et damé. Un troisième ensemble fut encore édifié sur le précédent, bâtiment dont la structure était en bois, le sol d'argile mêlée de sable, formant une chape épaisse, les murs de torchis et la couverture de chaume. Une cloison le partageait en deux pièces. Dans la première se trouvaient les vestiges d'un four domestique. A proximité, une petite fosse correspondait à l'assise d'un cratère . Ce dernier habitat fut détruit par un incendie à la fin du Vème siècle avant notre ère, comme en témoignaient les fragments carbonisés retrouvés au cours des fouilles.
Ce n'est qu'au cours de la période gallo-romaine que la parcelle supporta à nouveau une construction. Cependant, cette campagne d'archéologie a apporté une réponse irréfutable à la question de savoir depuis quand le site du collège Littré fait partie d'un ensemble urbain. L'ancienneté et la qualité des vestiges découverts à l'angle de la rue Littré et de la rue des Trois-Pommes montrent que le phénomène urbain, à Bourges, était déjà né à la fin du VIème siècle avant notre ère. Il s'est développé au cours d'une occupation du site qu'on peut considérer comme continue pendant désormais plus de vingt-cinq siècles.
Les fragments d' enduit intérieur des habitats construits par les Bituriges (il s'agissait d'un enduit lissé ou coloré) et la multitude des tessons de terre cuite recueillis (environ six mille) nous renseignent en outre sur les goûts des premiers occupants. Leurs habitats étaient relativement luxueux pour leur époque. Si les fragments de céramique commune, de fabrication indigène, produite par des artisans spécialisés, représentent la plus forte proportion, bon nombre de tessons de céramique importée ont été trouvés. Il s'agit notamment d'une céramique cuite par les Etrusques et surtout de céramique attique , tantôt à figures noires (le décor raffiné apparaît en noir sur un fond rouge), tantôt à figures rouges (le décor apparaît, inversement, figuré en rouge sur un fond noir).
Ainsi, non seulement ces trouvailles attestent que les premiers occupants du site éprouvaient, dès la fin du VIème siècle avant notre ère, le goût du luxe, mais encore elles prouvent la vitalité d'échanges commerciaux entretenus avec le monde méditerranéen. Une économie de subsistance, dans laquelle chacun ne parvient à produire que ce qui couvre ses propres besoins, était impropre à soutenir un tel goût de luxe. Seule une économie dégageant un surplus, pour permettre des échanges avec des centres de production très éloignés, était apte à satisfaire cette aspiration à un raffinement des équipements domestiques.
La cité des Bituriges était donc, dès l'époque protohistorique , un centre au sein duquel avait émergé une aristocratie capable d'organiser l'économie du territoire, d'encourager une production excédentaire, de veiller à en assurer la commercialisation. C'est dans l'apparition de cette aristocratie, plus que dans celle d'un regroupement de demeures solidement construites le long de rues tracées rationnellement, qu'il faut chercher l'origine du phénomène urbain. A cet égard, les découvertes effectuées sur le site du collège Littré, qui remontent à un demi-millénaire avant la reddition de la ville entre les mains de Jules César, prennent une valeur exemplaire.
LES DIFFERENTS TYPES DE CERAMIQUES
On a retrouvé, sur le site du collège Littré, trois grands types de céramique domestique. Les proportions et la provenance de ces céramiques montrent à l'évidence que leurs possesseurs occupaient un habitat luxueux tout à fait privilégié.
1er type. Il est représenté par la céramique indigène, céramique produite localement. Elle constituait l'équipement ordinaire des foyers. Le site a livré aux chercheurs les fragments d'un grand vase à provisions aux parois épaisses (jusqu'à 1,2 cm) et d'écuelles, qui étaient l'équipement classique des sites de ce genre. La pâte en était assez grossière.
2ème type. Il s'agit d'une céramique plus fine et plus soignée. Elle était souvent peinte, présentant pour tout décor des figures géométriques. Les formes étaient peu diversifiées.
3ème type. C'est une céramique d'importation. Il s'agit pour une part de céramique attique , pour une autre part de ce que les archéologues nomment le bucchero nero , production des artisans étrusques . Ainsi un bord de coupe, de céramique attique à figures noires, importée de Grèce, datant de la fin du VIème siècle avant notre ère, a été retrouvé dans le premier des trois habitats découverts sur le site. Un fragment d' amphore , en céramique attique à figures rouges produite à une époque postérieure à la précédente, est, quant à lui, décoré d'un petit personnage.